La Nooéconomie et Noopolitique
Un jackpot à 1 000 milliards de dollars pour l’île de La Réunion.¹
L'économie de la connaissance est l'avenir de l'île de La Réunion
La connaissance est le nouveau pétrole, et la biodiversité, une source immense de connaissance, selon Idriss Aberkane. C'est l'équation du biomimétisme.
La Réunion est une gigantesque pétropuissance qui s'ignore.
Continuer à vouloir poursuivre désespérément un modèle de
développement économique à l’infini basé sur des ressources finies est
non seulement absurde, ridicule mais avant tout suicidaire, et pourtant
c’est ce modèle que nous poursuivons tous actuellement.
• Imaginez une économie dont la ressource principale est infinie.
• Imaginez une économie dotée d’une justice intrinsèque,
• Une économie qui facilite et récompense le partage,
• Une économie où le chômeur a davantage de pouvoir d’achat que le salarié,
• Une économie où 1 et 1 font 3,
• Une économie ou lorsque je vous donne quelque chose, il m’appartient encore…
• Une économie dans laquelle tout le monde naît avec du pouvoir
d’achat et où, enfin, le pouvoir d’achat ne dépend que de vous-même.
Ce nouveau modèle économique que propose Idriss Aberkane² est tout simplement évident ! Il s’agit d’un changement fondamental, d’un nouveau paradigme : La Nooéconomie.
La Nooéconomie c’est l’économie de la connaissance
La nooéconomie – l’économie de la connaissance
– capture la totalité du développement durable et ouvre la possibilité
de trivialiser en quelques années des problèmes que l’humanité a estimés
insolubles. La nooéconomie lutte notamment contre la pauvreté tout en
préservant la diplomatie et la sécurité, permet un développement
économique prospère et durable. Ses prolongements sont :
- la biomimétique, l’écologie industrielle et l’économie circulaire
- la Blue Economy du Pr. Gunter Pauli (lien vers mon article publié)
La noopolitique c'est le pouvoir de la connaissance
La géopolitique est l’interaction du pouvoir et de la terre. La
noopolitique est l’interaction du pouvoir et du savoir. Cette
interaction est réflexive et disruptive : elle change profondément la
géopolitique et l’art de gouverner, car elle s’intéresse à l’art de
faire régner le savoir sur le pouvoir, et surtout pas à celui de faire
régner le pouvoir sur le savoir, qui est la situation actuelle, et pour
laquelle les esprits les plus brillants ont concédé leurs sciences aux
États et aux guerres alors qu’ils auraient dû les concéder à l’humanité
et à la paix.
La noopolitique reconnaît l’existence d’une
noosphère, océan de savoirs autour duquel tous les États possèdent un
littoral, grâce auquel ils peuvent compenser une défaite dans leur
kinésphère, c’est-à-dire la sphère de leur liberté de mouvement. Ainsi
les États contraints sont forcés d’innover, car les États sont cognitifs
mais leur immaturité cognitive fait qu’ils attendent d’être contraints
pour innover, comme la Chine aujourd’hui. Par ailleurs, les États, de
même que les individus, ne connaissent pas leurs intérêts et agissent
selon une rationalité très limitée. Si la géopolitique classique déclare
que les États sont motivés par l’acquisition de pouvoir sur les autres,
la noopolitique déclare que toute source de pouvoir est le pouvoir sur
soi-même, ce qui fonde un stoïcisme d’État. Enfin, toute guerre ne peut
exister que par la coexistence de connaissance et d’ignorance : il faut
la connaissance de nuire à son ennemi et l’ignorance de nuire au conflit
lui-même. Dans la connaissance absolue, les guerres n’existeraient
plus.
Cette note a été écrite par Idriss J. Aberkane, qui est notamment
chercheur affilié au Kozmetsky Global Collaboratory de l’université de
Stanford.
Le Biomimétisme
L’art d’extraire de la connaissance de la nature.
Fais comme l’oiseau ! Ou comme le ver de terre. Ou le baobab. Imiter
la nature : voilà le secret des innovations qui vont changer le monde.
On appelle ça le biomimétisme. Le principe n’est pas neuf, il était déjà
cher à Léonard de Vinci : « Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur
». Le biomimétisme est le grand enjeu technologique de demain. Les plus
belles inventions seront celles qui sauront s’inspirer des animaux et
des végétaux. On pourra ainsi éclairer nos villes grâce aux méduses ou
concevoir des GPS sur le modèle des fourmilières. Les exemples sont
innombrables. Pour être high-tech au 22ème siècle, il faudra observer
les organismes vivants et faire comme eux.
Savez-vous que La tour Eiffel est un exemple unique et insoupçonné du
biomimétisme ? Gustave Eiffel s’est en effet inspiré de la structure
intérieure d’un fémur humain pour son architecture en 1889. S’inspirer
de la nature pour soigner, pour construire, pour fabriquer de façon
durable? Voilà l’enjeu du biomimétisme.
Concrètement quels en sont les applications pour La Réunion ?
L'économie de la connaissance est l'avenir de l'ı̂le de La Réunion
La connaissance, c'est le nouveau pétrole : demandez à la Corée du
Sud, sans ressources naturelles, elle exporte 20 % de plus que toute la
Russie... La connaissance est le nouveau pétrole, et la biodiversité,
une source immense de connaissance : c'est l'équation du biomimétisme.
Or La Réunion est un "point chaud" de biodiversité dans l'Union
européenne. Conclusion du syllogisme : l'île est une gigantesque pétropuissance qui s'ignore.
La technopole réunionnaise et ses gecko-technologies
Prenez le gecko diurne à poussière d'or, qui vit à La Réunion, il a
inspiré la technologie "Abigaille", un robot biomimétique doté de la
même faculté d'adhésion sèche que les pattes dudit lézard. Développée
par l'université Simon Fraser de Vancouver et l'Agence spatiale
européenne, Abigaille est promise à de nombreuses applications
aérospatiales. Le MIT et Stanford, se sont eux aussi lancés dans la
course aux gecko-technologies... Il ne tient qu'à l'île de La Réunion
d'en être. Elle a déjà sa technopole, équipée d'un cyclotron, à laquelle
ne manque qu'un esprit d'interdisciplinarité (et de sérendipité, car,
comme toute technopole à la française, on n'y trouve pas un lieu de
détente dès la nuit tombée), pour s'engager sérieusement dans le
biomimétisme. Des entrepreneurs insulaires se sont déjà lancés, à
l'image de Luciano Morel qui développe une solution de biorémédiation
contre la pollution acoustique sous-marine, à base d'algues
transformées.
La Réunion possède aussi les célébrissimes "crevettes-mantes", que l'on devrait plutôt appeler supercrevettes.
De la taille d'une grosse langoustine pour certaines, elles sont des
encyclopédies vivantes de biomimétisme : capables de percuter leurs
proies à plus de 1 500 newtons, elles provoquent une bulle de cavitation
dans l'eau, la technologie de supercavitation des torpilles russes de
type "shkval" - ou requin - qui équipe aujourd'hui l'Iran. Cette
technologie induit une onde de choc lorsqu'elle s'effondre, et produit
des étincelles de sonoluminescence, dont le record de température a été
mesuré à 20 000 K soit la température à la surface du soleil... Un robot
"Ninjabot" en a déjà été inspiré. Les yeux de ces bestioles contiennent
aussi le meilleur écran solaire au monde (des Mycosporin-like
Aminoacids pour la petite histoire) et seize cônes pour les couleurs,
contre trois chez les humains, ce qui a aussi inspiré une caméra pour le
diagnostic rapide de cancer sur biopsie. Supercrevettes, donc.
¹Un jackpot à 1 000 milliards de dollars pour l’ïle de La Réunion.
Ces deux espèces ne sont pas les seules qui intéressent les hautes
sphères mondiales de la recherche et du développement. Les araignées
endémiques des Mascareignes sont actuellement étudiées de près dans le
but de produire des tissus high-tech ou encore des gants de protection
professionnels destinés à empêcher les piqûres. D’après Idriss J.
Aberkane, qui se base sur les différentes applications possibles et les
gains déjà engendrés, "cette connaissance cumulée qui s’ignore dépasse
en valeur un millier de milliards d’euros."
Des araignées aux tissus high-tech
On pourrait aussi parler de la technologie de la soie recombinante, à
laquelle les araignées endémiques des Mascareignes pourraient
contribuer, et qui est déjà à l'oeuvre comme matériau innovant dans
l'aérospatiale civile et chez Lockheed-Martin, mais aussi dans
l'industrie des gants de protection professionnels anti-piqûre,
notamment du leader mondial Turtleskin. Pour le dire simplement, cette
connaissance cumulée qui s'ignore dépasse en valeur un millier de
milliards d'euros (plus de 33 000 tonnes d'or).
L'ancien professeur de maths, entrepreneur chevronné et fin historien
de l'économie réunionnaise, René Fontaine, éclaire sur le passé et
laisse beaucoup espérer de l'avenir : "Toute l'histoire économique de La
Réunion repose sur des effets d'aubaine : d'abord le café, puis le
sucre, ensuite les plantes à parfum comme le géranium, les avantages
fiscaux, puis les grands travaux à l'image de la route des Tamarins et
la nouvelle route du littoral"
Marier ethnodiversité et biodiversité
En attendant, les statistiques douanières ramènent à la réalité de
l'état du marché. Selon René Fontaine, La Réunion doit importer autour
de 4 milliards d'euros, pour un export de 300 millions. Certes le
passage à la départementalisation a été très bénéfique, le PIB par
habitant est passé de 15 % de celui de la métropole en 1946 à 60 %
aujourd'hui, la mortalité infantile a dégringolé..., tout cela grâce à
la manne financière, mais maintenant, c'est terminé. Le message était
clair à la dernière visite présidentielle : débrouillez-vous. "Nous
avons 115 000 analphabètes de plus de 15 ans ici (presque 1/8 de la
population) et le chômage des jeunes, ce sont des énergies qui ne
circulent pas et qui explosent au lieu de se transformer", avertit René
Fontaine. Cette énorme manne financière qui gît sous nos pieds serait
plus que la bienvenue dans le département où le chômage touche près de
45 % de la population active, dont 59 % de jeunes. Pour rappel, 42 % des
Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté.
L'île, c'est certain, a laissé stagner bien trop longtemps son
pétrole biomimétique et humain - 200 microclimats et presque autant
d'endémismes. Et si le mariage de l'ethnodiversité et de la biodiversité
était l'avenir de La Réunion ?
Sources :
- ² Idriss Aberkane [Titulaire de trois doctorats, chercheur associé au Kozmetsky Global Collaboratory. Idriss Aberkane est un expert en neurosciences cognitives. Ambassadeur du Campus Numérique des Systèmes Complexes de l'UNESCO-UniTwin, il est chercheur à l'Ecole Polytechnique et chargé de cours à l'Ecole Centrale de Paris où il promeut l'utilisation du jeu comme moyen d'apprentissage. Consultant International ayant donné plus de 160 conférences sur quatre continents, dont cinq TEDx, et créé trois entreprises en France et en Afrique. Clients principaux : Pwc, Mazars, At Kearney, BCG, Alexander Forbes, Engie, Eiffage, BPCE, Chanel, etc. http://idrissaberkane.org/index.php/cv/ ]
- https://www.youtube.com/watch?v=vi39Z0i0G1s
- http://idrissaberkane.org
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