dimanche 19 août 2018

La Blue Economie - Blue Economy



Toute révolution passe par trois étapes.

1. Ridicule. Si ce n’est pas ridicule, il ne s’agit pas d’une révolution.
2. Dangereuse. Par ignorance, une révolution est dangereuse parce qu’elle bouleverse un ordre établi, ancré depuis longue date.
3. Évidente.

Imaginez une économie où la ressource est infinie. Imaginez que la nature soit la plus grande source de connaissance sur terre. Imaginez un monde sans déchets, ou la prochaine fois que vous voudrez voir un déchet, il faudra emmener vos enfants au musée. Pour l’instant à nos yeux ce monde n’existe pas encore ! Pourtant ce monde existe bel et bien. Où? Dans la nature !
Lorsque la forêt perd ses feuilles à l’automne, on organise pas de système de ramassage, et l’Europe ne subventionne pas les vers de terre ? Pourquoi ? Parce que dans la nature tout déchet est un achat. Faut pas croire, dans la nature rien n’est gratuit, puisqu’une espèce pour survivre, elle doit dépenser de l’énergie pour aller chercher sa nourriture. Donc elle a une dépense énergétique, mais cette dépense énergétique est justifiée pour tout. Une feuille qui tombe est absorbée par un autre organisme qui va la chercher. Parce que dans la nature les chaînes de production communiquent, tout est lié interconnecté, c’est l’internet à la puissance +++. Alors que chez nous les chaînes sont en silo, cloisonnées. Une industrie qui fait tel produit une autre tel autre et chacun ses propres déchets sans communication ni interconnexion, il est impossible d’aller manger pour produire grâce aux déchets de l’autre….

Pourquoi cette Blue économie ne s’appelle‐t‐elle pas la Green économie ?

Parce que la Green économie tient en une phrase : Tout ce qui est bon pour vous et bon pour l’environnement c’est cher, et tout ce qui mauvais pour vous et mauvais pour l’environnement c’est bon marché !
Qui a créé ce système ? C’est mieux que rien mais c’est loin d’être suffisant. Ce que l’on voudrait c’est que ce qui est mieux pour nous et pour l’environnement soit moins cher, non ? Ça tombe bien, puisque c’est justement ce que fait dame nature, et la Blue Economy.

Gunter Pauli est présenté comme « le Steve Job du développement durable ».

C’est un géni entrepreneurial absolu, ce type a démontré que pollué [ZERO] est tout à fait possible et profitable. Il ne parle pas de polluer moins (exemple je vais polluer de ‐20% c’est comme si vous proposiez de voler de ‐20% dans le supermarché, donc de voler ‐20% les générations futures qui devront payer pour nous) C’est non seulement rentable, mais profitable et là ça change tout. Les entreprises, lorsque nous leur aurons démontré ce profit, n’auront pas besoin d’écotaxe ou de subvention, elles iront d’elles même sur cette voie qui leur sera profitable.

Machine à Vapeur contre l’esclavage.

Pourquoi l’abolition de l’esclavage s’est avérée plus rentable que la machine à vapeur ? Ce n’est pas évident comme décision ? Elle paraît ridicule comme ça…. Abolir du travail gratuit ? 1200 esclaves pour produire la même valeur qu’une machine à vapeur de 300 chevaux. 1200 esclaves coûtent plus cher à l’achat qu’une seule machine et coûtent plus à nourrir et à entretenir qu’une machine. Pourtant cette idée était ridicule, dangereuse et devenue évidente.
L’exemple (guerre de Sécession) d’Abraham Lincoln qui a souhaité abolir l’esclavage pour toutes les terres conquises vers l’ouest, tout en laissant le sud faire ce qu’il souhaite. Le sud malgré cette largesse qui leur a été concédée a contre toute attente souhaité faire Sécession, ce qui a conduit Lincoln à abolir l’esclavage sur tout le territoire des états unis. Parce qu’il n’y avait selon Lincoln aucune raison valable économiquement ni sur le plan humain (sic). Cadillac, Général Motors, Chevrolet etc ne se sont pas installés à Détroit pour le climat, mais parce qu’il y avait les machines à vapeur.
Selon Gunter Pauli de même que l’abolition de l’esclavage était le grand enjeu du 19°siècle, que l’abolition de l’apartheid celui du 20°siècle, l’abolition du déchet sera le grand enjeu du 21°siècle.

Comment met‐on cela en pratique ?

La Blue économie tient en une équation : [ déchet + connaissance = emploi ]
Dans un bilan [déchet = passif], donc il vient impacter la rentabilité par ignorance et manque de connaissance. Si vous l’associez à de la connaissance : [déchet + connaissance = actif ] et il augmente la rentabilité.
Les Coréens ont inventés une batterie à partir de mégots de cigarettes. Pour nous un déchet, pour eux une mine d’or. Adidas, fabrique des chaussures à partir des déchets plastiques récupérés en mer. Avoir l’audace de vouloir transformer quelque chose de nuisible qui ne vaut rien dont personne ne veut en mine d’or. L’ignorance, le cynisme et l’égo c’est : « Un déchet est une charge ! Je n’ai jamais réussi à valoriser un déchet, alors je ne vois pas comment, toi petit prétentieux, tu comptes t’y prendre pour réussir ? ». Voilà où nous en sommes actuellement.
Il faut être totalement stupide de croire que polluer la nature ne pourrait pas remonter jusqu’à nous, et avoir un niveau intellectuel de gamin. On retrouve du DDT dans le lait maternel des esquimaux. On retrouve de la cocaïne et du prosac dans la chaire des saumons sauvages. Nous sommes tellement saturés de métaux lourds que nos cimetières sont pollués.
Le pire déchet de l’histoire de l’humanité est l’oxygène. L’oxygène oxyde et dégrade tout, c’est une des raisons aussi pour laquelle nous vieillissons. Cela faisait plus de 500 millions d’années que la vie existait lorsque l’oxygène est apparu sur terre. L’oxygène est l’excrément produit sous forme de gaz par des cyanobactéries, qui s’insinuant partout jusque dans la haute atmosphère et les océans, détruisit absolument toute vie sur terre 9999 espèces sur 10000 ont disparu. Si le ciel et les océans sont bleu c’est grâce à l’ozone qui est du trioxygène, c’est aussi grâce à l’oxygène que la terre est verte. Si notre planète est un tel paradis de biodiversité, c’est grâce au pire déchet jamais produit. La nature à un tel pouvoir de transformer un enfer e paradis, cette capacité de transformer le pire déchet en mine d’or. C’est exactement de cela dont il faut nous inspirer dans notre économie.
Exemple : le marc de café était un déchet, jusqu’au jour où l’on a découvert qu’il était le meilleur composte au monde, répulsif contre les pucerons pour les plantes, gomme olfactive désodorisant masque les odeurs, on a donc décidé d’en faire du textile et de la lingerie plus agréable à porter que le coton d’Égypte. On peut aussi en faire un matériau du bio polystyrène biodégradable que l’on fait pousser dans des bacs rempli de déchets agricoles mélanger à du marc de café. On y plante des champignons type pleurote et les racines (mycéliums) vont croître et se répandre dans tous les interstices jusqu’à envahir le bac créant un matériau identique aux propriétés du polystyrène. Imaginez que vous venez de vous faire livrer de votre TV emballée dans ce matériau que vous jetez dans votre jardin après usage puisqu’il se biodégrade et en plus enrichit les sols. C’est aussi un très bon isolant phonique (5db/cm) et surtout thermique.
Avec un déchet on a fait un produit rentable. [Déchet + connaissance = Richesse]

FAQ

 Questions posées à Idriss Aberkane
« L’économie de la connaissance est un domaine grandiose, car, comme la connerie, elle est infinie »

Question : Que voulez-vous dire ?

Idriss J. Aberkane : Les ressources matérielles ne sont pas infinies. Si l’on veut une croissance infinie, le monde matériel ne suffit pas. En revanche, la croissance immatérielle infinie est tout à fait possible. Car ce monde immatériel, c’est le monde de la connaissance, c’est-à-dire les logiciels, les œuvres d’art qui, eux, sont infinis.

Question : Comment crée-t-on une économie de la connaissance ?

Idriss J. Aberkane : On n’a pas besoin de la créer, car l’économie de la connaissance a toujours été là. C’est même la plus vieille économie du monde. L’être humain a échangé des savoirs bien avant d’échanger de l’agriculture, de la monnaie ou des services commerciaux. Le feu, par exemple, c’est une économie de la connaissance, car il procède d’un échange de connaissances. Cet échange possède toutes les propriétés de l’économie de la connaissance : si je vous donne un savoir, je peux également le donner à quelqu’un d’autre ; en revanche, si je vous donne un billet de banque je ne peux pas le donner à quelqu’un d’autre. Cette économie de la connaissance est donc très ancienne, mais nous ne faisons que reprendre conscience de cette idée. Il n’existe en effet pas une seule activité sans connaissance.

Question : L’économie de la connaissance permet-elle une croissance plus saine que l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui ?

Idriss J. Aberkane : Indubitablement oui, puisque l’économie de la connaissance nous réconcilie avec la nature. Le grand cadeau de l’économie de la connaissance, c’est de nous dire qu’il ne faudra plus choisir entre nature et emploi. Depuis 200 ans, nous vivons dans un mensonge qui nous impose de choisir entre la nature et l’emploi. Et cela a engendré une vision écologiste et une vision industrielle qui s’opposent frontalement. Lorsque l’on prétend au contraire qu’il est possible de concilier nature et emploi, on prend des coups de feu des deux côtés !

Question : L’économie de la connaissance que vous appelez de vos vœux va-t-elle engendrer des bouleversements dans le monde du travail ?

Idriss J. Aberkane : Elle est déjà en train de le faire avec la robotisation de certains emplois. Cela permet de partager des richesses pour faire en sorte que chacun en tire un minimum. L’économie de la connaissance amène une série de nouvelles questions : à quoi sert le travail ? Sert-il à s’épanouir ? C’est le grand débat que la Silicon Valley a mené… et conclu : le travail sert à s’épanouir. Ainsi Google a-t-fl demande à ses architectes d’intérieur de créer des lieux qui permettent aux salariés de se sentir bien et de choisir leur bureau plutôt que leur couette !

Question : On peut cependant constater que cette pratique est marginale aujourd’hui…

Idriss J. Aberkane : Elle est marginale en nombre, mais pas en profit ! Google a montré que cette approche est pleinement profitable et, de toute évidence, Google ne perd pas d’argent. Une innovation commence toujours par être marginale. Toutes les révolutions passent toujours par trois étapes : ridicule, dangereuse, évidente. Prenez le droit de vote des femmes, la rotondité de la Terre, l’abolition de l’esclavage, l’héliocentrisme, la physique quantique, l’ordinateur… Le XXIe siècle est attelé à « silican valleyser » le monde…

Question : Avec ce discours avez-vous une position médiane entre écologistes et industriels?

Idriss J. Aberkane : Je n’occupe pas une position médiane, mais une position transcendante. J’utilise ce terme à dessein, car le juste milieu, c’est le compromis. Or ma position est transcendante : l’économie de la connaissance apporte le biomimétisme, à savoir que la nature est le plus gros gisement de connaissances au monde. Cela fait 4 milliards d’années que la nature fait de la recherche et développement. Cela signifie qu’un jour, les chefs d’État préféreront trouver de la biodiversité sur leur territoire plutôt que du pétrole. Des micro-États comme l’île Maurice ont déjà opté pour cette vision. Mais il est vrai qu’ils sont comme Google : ils sont minoritaires pour l’instant, mais leurs idées sont en train de se propager.

Question : La Corée du Sud a expérimenté un ministère de la connaissance. Son développement et sa vitalité peuvent-ils s’expliquer par la création de ce ministère ?

Idriss J. Aberkane : C’est plutôt l’inverse. Le gouvernement a entériné l’économie de la connaissance de la société civile coréenne. La Corée du Sud démontre qu’un pays est plus riche lorsqu’il est assis sur un gisement de connaissances plutôt que sur un gisement de pétrole. Dans l’histoire déjà, Venise, Tétra, le Machu Picchu, Santorin et Bagdad ont également montré cela. Au IXe siècle, Bagdad était beaucoup plus riche et puissante qu’à l’époque du pétrole. Dans cette ville, le prince était musulman, les architectes étaient zoroastriens et juifs, le maître d’œuvre était chrétien et le financier était bouddhiste. De Bagdad au LX6 siècle jusqu’à la Silicon Valley, tous les technopôles ont été des lieux de rencontre de civilisations. Souvenons-nous que Steve Jobs était le fils d’un immigré syrien et d’une immigrée allemande.

Question : Vous rappelez justement une rencontre qui a eu lieu en 1984 entre Steve Jobs et François Mitterrand. Le fondateur d’Apple avait alors déclaré au président de la République que les barils de pétrole de demain ce sont les logiciels. La France a-t-elle entendu les conseils de Steve Jobs ?

Idriss J. Aberkane : Non. Nous n’en avons malheureusement tiré aucune leçon. Steve Jobs constatait également qu’en France l’échec est considéré comme quelque chose de très grave. Or, on ne fait pas la Silicon Valley avec les premiers de la classe ! S’il y a bien une personne incapable de créer une startup, c’est bien le premier de la classe ! Malheureusement, la France a la culture des grandes écoles et du premier de la classe. Prenez l’exemple de eBay : peu de gens savent que cette société a été créée par un Français d’origine iranienne Pierre Omidyar. Il était à l’université Paris 7 et avait un projet d’enchères en ligne. Mais son idée est apparue ridicule, dangereuse, évidente comme nous l’avons déjà vu. Le projet a été finalement confié à un polytechnicien et a donné naissance à Price Minister qui n’est pas un leader mondial. Et pendant que les États-Unis lancent les idées de demain, la France lance des études de faisabilité et s’interroge sur la réglementation. C’est le cas de la voiture autonome.

Question : La France regorge de nombreux talents dans le domaine numérique, mais aucun groupe français ne parvient à se hisser au niveau des GAFAM. Pourquoi ?

  • GAFAM : Google Apple Facbook Amazon Microsoft
Idriss J. Aberkane : Il y a dix ans, on ne comprenait pas pourquoi je partais pour la Silicon Valley. Les décideurs publics ne comprennent toujours pas pourquoi il n’y a pas de Silicon Valley en France, car ils ne regardent pas là où il faudrait regarder. Ils parlent financement et investissements publics et ne pensent qu’au hardware au détriment du software. Or l’immatériel, c’est la culture de la Silicon Valley. Cette culture n’existe pas en France.

Question : Les réalisations françaises ne manquent pourtant pas : le label French Tech, les incubateurs, le réseau Numa…

Idriss J. Aberkane : À l’étranger, personne ne les connaît. La French Tech est comme Johnny Hallyday : mondialement connue en France ! Dans la compétition mondiale des technopôles, il y a la Silicon Valley qui flotte au-dessus de tout le monde et qui attire plus de 30 % des investissements. Paris n’attire que 1,1 % de ces investissements. Par ailleurs, on trouve d’autres pôles importants en Allemagne, en Chine, en Hongrie. Voilà le rapport de force actuel. En France, nous souffrons chroniquement de dissonance cognitive : nous nous croyons plus grands que nous ne sommes et oublions que nous ne représentons que 0,8 % de la population mondiale. Nous oublions également que le système classes préparatoires grandes écoles n’existe qu’en France. Notre arrogance nous joue des tours. Pourtant nous avons tout le potentiel. Je pense notamment à deux Français qui travaillent chez Tesla et dont le créateur Elon Musk ne se séparerait pour rien au monde. Et le plus intéressant est que ces deux Français ne sont ni polytechniciens, ni normaliens, ni centraliens, mais issus de campus universitaires plus modestes. C’est une leçon à retenir…

Source :  Article FAQ publié le 24/04/2015 à 10:43| Le Point.fr

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