Toute révolution passe par trois étapes.
1. Ridicule. Si ce n’est pas ridicule, il ne s’agit pas d’une révolution.
2. Dangereuse. Par ignorance, une révolution est dangereuse parce qu’elle bouleverse un ordre établi, ancré depuis longue date.
3. Évidente.
Imaginez une économie où la ressource est infinie. Imaginez que la
nature soit la plus grande source de connaissance sur terre. Imaginez un
monde sans déchets, ou la prochaine fois que vous voudrez voir un
déchet, il faudra emmener vos enfants au musée. Pour l’instant à nos
yeux ce monde n’existe pas encore ! Pourtant ce monde existe bel et
bien. Où? Dans la nature !
Lorsque la forêt perd ses feuilles à l’automne, on organise pas de
système de ramassage, et l’Europe ne subventionne pas les vers de terre ?
Pourquoi ? Parce que dans la nature tout déchet est un achat. Faut pas
croire, dans la nature rien n’est gratuit, puisqu’une espèce pour
survivre, elle doit dépenser de l’énergie pour aller chercher sa
nourriture. Donc elle a une dépense énergétique, mais cette dépense
énergétique est justifiée pour tout. Une feuille qui tombe est absorbée
par un autre organisme qui va la chercher. Parce que dans la nature les
chaînes de production communiquent, tout est lié interconnecté, c’est
l’internet à la puissance +++. Alors que chez nous les chaînes sont en
silo, cloisonnées. Une industrie qui fait tel produit une autre tel
autre et chacun ses propres déchets sans communication ni
interconnexion, il est impossible d’aller manger pour produire grâce aux
déchets de l’autre….
Pourquoi cette Blue économie ne s’appelle‐t‐elle pas la Green économie ?
Parce que la Green économie tient en une phrase : Tout ce qui est bon
pour vous et bon pour l’environnement c’est cher, et tout ce qui
mauvais pour vous et mauvais pour l’environnement c’est bon marché !
Qui a créé ce système ? C’est mieux que rien mais c’est loin d’être
suffisant. Ce que l’on voudrait c’est que ce qui est mieux pour nous et
pour l’environnement soit moins cher, non ? Ça tombe bien, puisque c’est
justement ce que fait dame nature, et la Blue Economy.
Gunter Pauli est présenté comme « le Steve Job du développement durable ».
C’est un géni entrepreneurial absolu, ce type a démontré que pollué
[ZERO] est tout à fait possible et profitable. Il ne parle pas de
polluer moins (exemple je vais polluer de ‐20% c’est comme si vous
proposiez de voler de ‐20% dans le supermarché, donc de voler ‐20% les
générations futures qui devront payer pour nous) C’est non seulement
rentable, mais profitable et là ça change tout. Les entreprises, lorsque
nous leur aurons démontré ce profit, n’auront pas besoin d’écotaxe ou
de subvention, elles iront d’elles même sur cette voie qui leur sera
profitable.
Machine à Vapeur contre l’esclavage.
Pourquoi l’abolition de l’esclavage s’est avérée plus rentable que la
machine à vapeur ? Ce n’est pas évident comme décision ? Elle paraît
ridicule comme ça…. Abolir du travail gratuit ? 1200 esclaves pour
produire la même valeur qu’une machine à vapeur de 300 chevaux. 1200
esclaves coûtent plus cher à l’achat qu’une seule machine et coûtent
plus à nourrir et à entretenir qu’une machine. Pourtant cette idée était
ridicule, dangereuse et devenue évidente.
L’exemple (guerre de Sécession) d’Abraham Lincoln qui a souhaité
abolir l’esclavage pour toutes les terres conquises vers l’ouest, tout
en laissant le sud faire ce qu’il souhaite. Le sud malgré cette largesse
qui leur a été concédée a contre toute attente souhaité faire
Sécession, ce qui a conduit Lincoln à abolir l’esclavage sur tout le
territoire des états unis. Parce qu’il n’y avait selon Lincoln aucune
raison valable économiquement ni sur le plan humain (sic). Cadillac,
Général Motors, Chevrolet etc ne se sont pas installés à Détroit pour le
climat, mais parce qu’il y avait les machines à vapeur.
Selon Gunter Pauli de même que l’abolition de
l’esclavage était le grand enjeu du 19°siècle, que l’abolition de
l’apartheid celui du 20°siècle, l’abolition du déchet sera le grand
enjeu du 21°siècle.
Comment met‐on cela en pratique ?
La Blue économie tient en une équation : [ déchet + connaissance = emploi ]
Dans un bilan [déchet = passif], donc il vient impacter la
rentabilité par ignorance et manque de connaissance. Si vous l’associez à
de la connaissance : [déchet + connaissance = actif ] et il augmente la
rentabilité.
Les Coréens ont inventés une batterie à partir de mégots de
cigarettes. Pour nous un déchet, pour eux une mine d’or. Adidas,
fabrique des chaussures à partir des déchets plastiques récupérés en
mer. Avoir l’audace de vouloir transformer quelque chose de nuisible qui
ne vaut rien dont personne ne veut en mine d’or. L’ignorance, le
cynisme et l’égo c’est : « Un déchet est une charge ! Je n’ai jamais
réussi à valoriser un déchet, alors je ne vois pas comment, toi petit
prétentieux, tu comptes t’y prendre pour réussir ? ». Voilà où nous en
sommes actuellement.
Il faut être totalement stupide de croire que polluer la nature ne
pourrait pas remonter jusqu’à nous, et avoir un niveau intellectuel de
gamin. On retrouve du DDT dans le lait maternel des esquimaux. On
retrouve de la cocaïne et du prosac dans la chaire des saumons sauvages.
Nous sommes tellement saturés de métaux lourds que nos cimetières sont
pollués.
Le pire déchet de l’histoire de l’humanité est l’oxygène.
L’oxygène oxyde et dégrade tout, c’est une des raisons aussi pour
laquelle nous vieillissons. Cela faisait plus de 500 millions d’années
que la vie existait lorsque l’oxygène est apparu sur terre. L’oxygène
est l’excrément produit sous forme de gaz par des cyanobactéries, qui
s’insinuant partout jusque dans la haute atmosphère et les océans,
détruisit absolument toute vie sur terre 9999 espèces sur 10000 ont
disparu. Si le ciel et les océans sont bleu c’est grâce à l’ozone qui
est du trioxygène, c’est aussi grâce à l’oxygène que la terre est verte.
Si notre planète est un tel paradis de biodiversité, c’est grâce au
pire déchet jamais produit. La nature à un tel pouvoir de transformer un
enfer e paradis, cette capacité de transformer le pire déchet en mine
d’or. C’est exactement de cela dont il faut nous inspirer dans notre
économie.
Exemple : le marc de café était un déchet, jusqu’au
jour où l’on a découvert qu’il était le meilleur composte au monde,
répulsif contre les pucerons pour les plantes, gomme olfactive
désodorisant masque les odeurs, on a donc décidé d’en faire du textile
et de la lingerie plus agréable à porter que le coton d’Égypte. On peut
aussi en faire un matériau du bio polystyrène biodégradable que l’on
fait pousser dans des bacs rempli de déchets agricoles mélanger à du
marc de café. On y plante des champignons type pleurote et les racines
(mycéliums) vont croître et se répandre dans tous les interstices
jusqu’à envahir le bac créant un matériau identique aux propriétés du
polystyrène. Imaginez que vous venez de vous faire livrer de votre TV
emballée dans ce matériau que vous jetez dans votre jardin après usage
puisqu’il se biodégrade et en plus enrichit les sols. C’est aussi un
très bon isolant phonique (5db/cm) et surtout thermique.
Avec un déchet on a fait un produit rentable. [Déchet + connaissance = Richesse]
FAQ
« L’économie de la connaissance est un domaine grandiose, car, comme la connerie, elle est infinie »
Question : Que voulez-vous dire ?
Idriss J. Aberkane : Les ressources
matérielles ne sont pas infinies. Si l’on veut une croissance infinie,
le monde matériel ne suffit pas. En revanche, la croissance immatérielle
infinie est tout à fait possible. Car ce monde immatériel, c’est le
monde de la connaissance, c’est-à-dire les logiciels, les œuvres d’art
qui, eux, sont infinis.
Question : Comment crée-t-on une économie de la connaissance ?
Idriss J. Aberkane : On n’a pas besoin de la
créer, car l’économie de la connaissance a toujours été là. C’est même
la plus vieille économie du monde. L’être humain a échangé des savoirs
bien avant d’échanger de l’agriculture, de la monnaie ou des services
commerciaux. Le feu, par exemple, c’est une économie de la connaissance,
car il procède d’un échange de connaissances. Cet échange possède
toutes les propriétés de l’économie de la connaissance : si je vous
donne un savoir, je peux également le donner à quelqu’un d’autre ; en
revanche, si je vous donne un billet de banque je ne peux pas le donner à
quelqu’un d’autre. Cette économie de la connaissance est donc très
ancienne, mais nous ne faisons que reprendre conscience de cette idée.
Il n’existe en effet pas une seule activité sans connaissance.
Question : L’économie de la connaissance permet-elle une croissance plus saine que l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui ?
Idriss J. Aberkane : Indubitablement oui,
puisque l’économie de la connaissance nous réconcilie avec la nature. Le
grand cadeau de l’économie de la connaissance, c’est de nous dire qu’il
ne faudra plus choisir entre nature et emploi. Depuis 200 ans, nous
vivons dans un mensonge qui nous impose de choisir entre la nature et
l’emploi. Et cela a engendré une vision écologiste et une vision
industrielle qui s’opposent frontalement. Lorsque l’on prétend au
contraire qu’il est possible de concilier nature et emploi, on prend des
coups de feu des deux côtés !
Question : L’économie de la connaissance que vous appelez de vos vœux va-t-elle engendrer des bouleversements dans le monde du travail ?
Idriss J. Aberkane : Elle est déjà en train
de le faire avec la robotisation de certains emplois. Cela permet de
partager des richesses pour faire en sorte que chacun en tire un
minimum. L’économie de la connaissance amène une série de nouvelles
questions : à quoi sert le travail ? Sert-il à s’épanouir ? C’est le
grand débat que la Silicon Valley a mené… et conclu : le travail sert à
s’épanouir. Ainsi Google a-t-fl demande à ses architectes d’intérieur de
créer des lieux qui permettent aux salariés de se sentir bien et de
choisir leur bureau plutôt que leur couette !
Question : On peut cependant constater que cette pratique est marginale aujourd’hui…
Idriss J. Aberkane : Elle est marginale en
nombre, mais pas en profit ! Google a montré que cette approche est
pleinement profitable et, de toute évidence, Google ne perd pas
d’argent. Une innovation commence toujours par être marginale. Toutes
les révolutions passent toujours par trois étapes : ridicule,
dangereuse, évidente. Prenez le droit de vote des femmes, la rotondité
de la Terre, l’abolition de l’esclavage, l’héliocentrisme, la physique
quantique, l’ordinateur… Le XXIe siècle est attelé à « silican valleyser
» le monde…
Question : Avec ce discours avez-vous une position médiane entre écologistes et industriels?
Idriss J. Aberkane : Je n’occupe pas une
position médiane, mais une position transcendante. J’utilise ce terme à
dessein, car le juste milieu, c’est le compromis. Or ma position est
transcendante : l’économie de la connaissance apporte le biomimétisme, à
savoir que la nature est le plus gros gisement de connaissances au
monde. Cela fait 4 milliards d’années que la nature fait de la recherche
et développement. Cela signifie qu’un jour, les chefs d’État
préféreront trouver de la biodiversité sur leur territoire plutôt que du
pétrole. Des micro-États comme l’île Maurice ont déjà opté pour cette
vision. Mais il est vrai qu’ils sont comme Google : ils sont
minoritaires pour l’instant, mais leurs idées sont en train de se
propager.
Question : La Corée du Sud a expérimenté un ministère de la connaissance. Son développement et sa vitalité peuvent-ils s’expliquer par la création de ce ministère ?
Idriss J. Aberkane : C’est plutôt l’inverse.
Le gouvernement a entériné l’économie de la connaissance de la société
civile coréenne. La Corée du Sud démontre qu’un pays est plus riche
lorsqu’il est assis sur un gisement de connaissances plutôt que sur un
gisement de pétrole. Dans l’histoire déjà, Venise, Tétra, le Machu
Picchu, Santorin et Bagdad ont également montré cela. Au IXe siècle,
Bagdad était beaucoup plus riche et puissante qu’à l’époque du pétrole.
Dans cette ville, le prince était musulman, les architectes étaient
zoroastriens et juifs, le maître d’œuvre était chrétien et le financier
était bouddhiste. De Bagdad au LX6 siècle jusqu’à la Silicon Valley,
tous les technopôles ont été des lieux de rencontre de civilisations.
Souvenons-nous que Steve Jobs était le fils d’un immigré syrien et d’une
immigrée allemande.
Question : Vous rappelez justement une rencontre qui a eu lieu en 1984 entre Steve Jobs et François Mitterrand. Le fondateur d’Apple avait alors déclaré au président de la République que les barils de pétrole de demain ce sont les logiciels. La France a-t-elle entendu les conseils de Steve Jobs ?
Idriss J. Aberkane : Non. Nous n’en avons
malheureusement tiré aucune leçon. Steve Jobs constatait également qu’en
France l’échec est considéré comme quelque chose de très grave. Or, on
ne fait pas la Silicon Valley avec les premiers de la classe ! S’il y a
bien une personne incapable de créer une startup, c’est bien le premier
de la classe ! Malheureusement, la France a la culture des grandes
écoles et du premier de la classe. Prenez l’exemple de eBay : peu de
gens savent que cette société a été créée par un Français d’origine
iranienne Pierre Omidyar. Il était à l’université Paris 7 et avait un
projet d’enchères en ligne. Mais son idée est apparue ridicule,
dangereuse, évidente comme nous l’avons déjà vu. Le projet a été
finalement confié à un polytechnicien et a donné naissance à Price
Minister qui n’est pas un leader mondial. Et pendant que les États-Unis
lancent les idées de demain, la France lance des études de faisabilité
et s’interroge sur la réglementation. C’est le cas de la voiture
autonome.
Question : La France regorge de nombreux talents dans le domaine numérique, mais aucun groupe français ne parvient à se hisser au niveau des GAFAM. Pourquoi ?
- GAFAM : Google Apple Facbook Amazon Microsoft
Idriss J. Aberkane : Il y a dix ans, on ne
comprenait pas pourquoi je partais pour la Silicon Valley. Les décideurs
publics ne comprennent toujours pas pourquoi il n’y a pas de Silicon
Valley en France, car ils ne regardent pas là où il faudrait regarder.
Ils parlent financement et investissements publics et ne pensent qu’au
hardware au détriment du software. Or l’immatériel, c’est la culture de
la Silicon Valley. Cette culture n’existe pas en France.
Question : Les réalisations françaises ne manquent pourtant pas : le label French Tech, les incubateurs, le réseau Numa…
Idriss J. Aberkane : À l’étranger, personne
ne les connaît. La French Tech est comme Johnny Hallyday : mondialement
connue en France ! Dans la compétition mondiale des technopôles, il y a
la Silicon Valley qui flotte au-dessus de tout le monde et qui attire
plus de 30 % des investissements. Paris n’attire que 1,1 % de ces
investissements. Par ailleurs, on trouve d’autres pôles importants en
Allemagne, en Chine, en Hongrie. Voilà le rapport de force actuel. En
France, nous souffrons chroniquement de dissonance cognitive : nous nous
croyons plus grands que nous ne sommes et oublions que nous ne
représentons que 0,8 % de la population mondiale. Nous oublions
également que le système classes préparatoires grandes écoles n’existe
qu’en France. Notre arrogance nous joue des tours. Pourtant nous avons
tout le potentiel. Je pense notamment à deux Français qui travaillent
chez Tesla et dont le créateur Elon Musk ne se séparerait pour rien au
monde. Et le plus intéressant est que ces deux Français ne sont ni
polytechniciens, ni normaliens, ni centraliens, mais issus de campus
universitaires plus modestes. C’est une leçon à retenir…
Source : Article FAQ publié le 24/04/2015 à 10:43| Le Point.fr
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